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Entrevue avec … Christian CEYRAT

Christian CEYRAT, à Saint Privat

Une journée riche

 

 

 

Au terme d’une journée bien remplie, Christian CEYRAT nous accordait un entretien informel. Après lui avoir remis le premier exemplaire de notre revue, geste qu’il apprécia et qu’il commenta largement, il nous fit part de son parcours en Aïkido.

 

 

 

Jeune judoka, dans les années cinquante, au cours d’une compétition, son destin croisa celui d’un grand maître de l’Aïkido (Tadashi Abe), qui faisait une démonstration de son art alors quasi inconnu en France. Il fut tout de suite enthousiasmé par cette nouvelle technique. Contraint d’opter pour la poursuite de ses études et le passage de ses diplômes, il délaissa le sport en général. Après sa réussite aux examens et le passage obligé au service militaire, il se dirigea vers l’Aïkido, vers les années 1963/64. Sous la tutelle de Maître Nocquet, il apprit rapidement les principes de base et rejoignit le cercle restreint de ses Uke. A son contact, il progressa rapidement. Laissons le parler : « C’est au contact des gens qui connaissent qu’on apprend, ce n’est pas au contact de ceux qui parlent. C’est comme le philosophe qui parle de la faim dans le monde, bien installé dans son fauteuil en cuir en regardant la télé. C ’est à la limite du cocasse. Or la philosophie, c’est quelque chose qu’on vit. C’est la quintessence de ce qu’on a vécu ». Il continua par la suite, tout simplement, emporté par l’essor du nouvel art martial. Parmi l’Aïkido européen, l’homme qui, pour lui aura marqué l’histoire de cet art, c’est incontestablement Maître Nocquet. Pour lui, c’est papa Nocquet (c’est ainsi qu’il l’appelle. Ce terme ne doit pas être compris comme étant péjoratif, mais au contraire, comme étant une profonde marque d’affection et de respect, comme pour un père, un guide. C’est tout dire…). De cet apprentissage aux meilleures sources (Maître Nocquet fut un élève direct de Maître Ueshiba), il a retenu qu’il n’était pas nécessaire de s’entraîner pendant des heures à chuter, mais une fois le réflexe acquis, il ne faut pas meurtrir son corps par des chutes à répétition. Malgré les tapis, la colonne vertébrale est ébranlée. Le principal c’est le bon axe, de bien apprendre l’entrée des techniques.

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 « Si l’on vient vous frapper au visage, ce n’est pas la chute qui sera le plus important, c’est la manière d’esquiver le coup de poing ».

 

« On peut, évidemment, philosopher autant que l’on veut sur l’Aïkido, mais quand on a des techniques efficaces, on ne s’embarrasse pas de principes. Personne n’est infaillible, mais grâce à l’Aïkido, on acquiert une certaine confiance en soi. Quand vous êtes accosté dans la rue, et qu’on veut vous agresser, le principal c’est de rester calme et de continuer son chemin. Le plus frustré est l’agresseur. Vous, restez serein. Ne répondez pas à la provocation. Vous pouvez vous trouver en ce cas, confronté à deux réactions, soit on vous saute dessus dès que vous avez le dos tourné, c’est pour cela qu’il faut garder un œil sur l’agresseur, soit ce dernier s’en va passer sa colère sur quelqu’un d’autre. Le frustré, ne reste pas frustré, il faut que ça sorte ».

Selon lui, les meilleures qualités pour devenir aïkidoka ne s’apprennent pas. Tout le monde les possède. Il faut simplement travailler sa maîtrise. Le fait de venir sur le tatami, prouve que vous avez des qualités, vous avez quelque chose dans la cervelle. Chacun a ses qualités, il faut les extérioriser, les mettre en harmonie. Pour cela, il vous faut mettre en œuvre les préceptes de vos maîtres. André (professeur et président de l’Aïkido Club Saint Privaden) est là pour vous apprendre à vous déplacer, à absorber l’énergie, à ne pas répondre à l’agresseur, car s’il est plus fort que vous, vous aurez beau essayer de vous mesurer à lui, vous serez perdant ».

L’harmonie, pour lui ; c’est travailler de concert avec le partenaire (ou celui qui vous agresse). Papa Nocquet lui disait que Maître Ueshiba lui avait appris, qu’ entre l’attaque et la défense, il ne devait pas y avoir l’épaisseur d’un cheveu. Ce qui signifie qu’il ne faut pas attendre que le coup soit parti. Il est trop tard.

L’énergie cinétique est bien trop importante, surtout si l’agresseur est armé d’une batte de base-ball ! Freiner une telle arme est impossible. Même un simple coup de poing lorsqu’il est lacé, va trop vite. Ce qu’il faut, c’est être sur l’adversaire dès qu’il lève le bras.

Le secret, il l’a découvert avec Papa Nocquet : agresser l’agresseur ! L’agresser…sans l’agresser. C'est-à-dire, mimer l’agression de façon à l’obliger à réagir. En tant que physicien, il dit toujours « A toute action répond une réaction ». Le secret est là. « Si vous sentez la menace, il faut immobiliser l’adversaire avec Ikkyo, par exemple, et une fois qu’il est par terre, sans lui faire mal, lui dire : « Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu as perdu la tête ? Calme toi ». Ne soyez pas trop agressif verbalement, soyez conciliant, même i vous ne le pensez pas vraiment… Mais soyez toujours méfiant. Il y en a plus d’un qui se laisse prendre au piège et qui se sont laissés attendrir, et une fois debout… l’adversaire n’est pas conciliant, lui. Pas de cadeau, mais pas d’extrémité. On n’est pas des justiciers. On n’est pas là pour rendre la Justice , ni pour la faire appliquer. On est là, pour nous défende, ou pour défendre une tierce personne. On peut immobiliser l’agresseur en attendant que la Police arrive et s’en occupe. Notre rôle s’arrête là.

L’harmonie c’est aussi l’effet miroir. Lorsque l’adversaire lève le bras, je lève le bras. Comme si on était face à un miroir, l’adversaire étant le reflet de soi. »

Pour Christian Ceyrat, la voie de l’Aïkido est à multiples chemins. Maître Ueshiba disait que l’Aïkido, le Karaté, le Judo sont des disciplines qui grimpent sur la même montagne, mais par des voies et des sentiers différents. Il y a des chemins plus difficiles que d’autres, des moments plus ou moins simples, mais le principal est d’arriver à la plénitude. Le but ultime, c’est d’arriver à sa maîtrise personnelle, et d’en tirer une relative satisfaction intérieure.

Christian Ceyrat a quarante et un ans de pratique d’Aïkido. Premier Dan en mai 1968. Sixième Dan à la FFAT , il est reconnu que quatrième Dan à la FFAAA.

Professeur de Physique à la faculté d’Aix-Marseille, il a conservé le créneau de l’enseignement de l’Aïkido aux étudiants. Il a créé sa propre fédération, non pas pour en créer un énième, mais dans le but de se protéger et de protéger ses pratiquants notamment sur le plan de la responsabilité et des assurances en cas d’accident. Pourquoi cette scission ? Simplement, parce qu’il n’était plus en phase avec les dirigeants. D’après lui, certaines notions de base ont disparu. Il ne sait toujours pas pourquoi. C’est pour revenir à un Aïkido traditionnel qu’il a décidé de faire cavalier seul. Papa Nocquet et Maître Ueshiba disaient que la chute arrière, c’était l’inverse de la chute avant. Alors, pourquoi aujourd’hui, les gens se retrouvent-ils avec une épaule en dehors ? Et pour terminer cet entretien, malgré l’heure et la fatigue, Christian Ceyrat, n’a pas hésité à nous faire une démonstration des plus convaincantes.

Comme il le disait plus haut, quelle que soit la discipline, nous gravissons tous la même montagne. A fortiori, lorsque la discipline est la même. Chacun œuvre à son niveau, pour l’amélioration de l’Aïkido.

Christian a laissé ce jour-là, avec ses mots à lui, sa manière personnelle, un message de paix et d’amour, que certains, comme notre président, continuent à prodiguer tut au long de leurs cours. Ce soir-là, André avait trouvé ses marques et la formation de sa jeunesse (il fut l’élève de Maître Nugue, élève lui-même de « Papa Nocquet »).

Merci Christian Ceyrat, vous revenez quand vous voulez. Et merci à Sylvain pour son intermédiaire. Sans lui, ce grand moment d’Aïkido aurait échappé à tous ceux qui avaient fait le déplacement, et ils étaient nombreux.

 

 

Interview réalisée le samedi 1er décembre 2002

La Revue AIKIDO du Club de Saint Privat des Vieux,

N°2, mars 2003

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